Shen qi

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9h – 16h30

Ecole de Prayon-Centre

Grand Rue 186, 4870 Trooz

 

Le yiquan

Le Yiquan ( 意拳), littéralement la « boxe de l’intention », est parfois également appelé Dachengquan (大成拳), ou « boxe du grand accomplissement ». Cette école de l’art martial chinois, considérée comme faisant partie du courant du « interne », fut fondée dans les années 1930 par le maître Wang xiangzhai.

L’enseignement du maître Wang xiangzhai se base sur les connaissances qu’il acquit toute sa vie durant par l’étude et la pratique de nombreuses écoles de boxe chinoise. Initié au Xingyiquan (Boxe de la forme et de l’intention) par un proche du grand maître Guo yunshen dès sa petite enfance, il sera considéré par certains comme son digne successeur. A l’âge de 40 ans, il entreprendra un grand voyage d’étude dans toute la Chine, voyage qui durera plusieurs années. Ses pérégrinations lui permettront de rencontrer des maîtres cachés dans des villes et villages jusqu’au sud du Changjiang, le long fleuve qui fait la séparation avec la Chine du nord. Il séjournera un temps au monastère de Shaolin, avant de se diriger vers le sud du pays où il travaillera différents styles avec plusieurs maîtres peu connus mais dont il apprendra énormément. De retour à la capitale, il se fera une place parmi les maîtres renommés de Pékin et de Tianjin avant d’être introduit auprès de la communauté martiale de Shanghai à une époque que l’on considère aujourd’hui comme l’âge d’or de l’art martial chinois. Il côtoiera alors les plus grands maîtres, comme les frères Yang du Taijiquan, les maîtres Zhang zhaodong et Liu fengchun du Baguazhang, les maître Shang yunxiang et Sun lutang du Xingyiquan, le maître Wu yihui du Liuhebafa… Il se fera une place dans cette communauté et aura mainte fois l’occasion d’échanger avec tous ces maîtres dont la plupart deviendront ses amis. Son enseignement évoluera alors d’un style de Xingyiquan très épuré, renommer Yiquan pour souligner l’importance du travail de l’intention, à un ensemble de 7 exercices uniques, « les 7 portes du Dachengquan », qui marqueront la singularité de sa pratique, la faisant alors connaitre à Pékin comme une nouvelle école de boxe. Dans les années 50, après les changements politiques qui auront lieu en Chine, il commencera à enseigner dans un but prophylactique et sa renommée deviendra telle que plusieurs centaines de personnes suivront ses leçons au parc publique de Zhongshan, situé dans la cité interdite, lui conférant parfois des guérisons miraculeuses.

La pratique du Yiquan est basée sur le développement d’une force naturelle capable de surpasser la force musculaire brute. Cette force naturelle est générée par une utilisation particulière du système nerveux et du souffle et on la retrouve notamment chez les nourrissons. Dans la cosmologie taoïste, il y est souvent fait référence en tant que force « du ciel antérieur », par opposition à la force « du ciel postérieur » qui est celle que tout adulte normalement constitué emploi en permanence. L’acquisition de cette force naturelle se fait par un travail conjoint du corps et de l’esprit, essentiellement au travers des trois exercices que sont la « posture du pilier » (Zhanhzuang) plus connue en occident sous le nom de « posture de l’arbre », les tests de force (Shili), mouvements lents similaires à ceux pratiqués en Taijiquan et dans le Liuhebafa, puis les déplacements lents en « pas frottés » (Mocabu), similaires en de nombreux points à la « marche dans la boue » (Tangnibu) du Baguazhang. A ces trois exercices s’ajoutent les tests du son (Shisheng), une méthode précise permettant de produire le fameux Ki’ai si cher aux arts martiaux japonais, les expulsions de force (Fali) ainsi que les poussées de mains (Tuishou) à une puis deux mains et, enfin, le combat libre (Shizhan), un exercice peu pratiqué de nos jours.

 

Une des particularités du Yiquan réside dans le fait qu’il ne comporte aucun enchainement prédéfini (Taolu). L’apprentissage et la mémorisation d’une forme codifiée constituant un investissement de temps important pour le pratiquant de toute école classique de l’art martial, le Yiquan permet d’aller à l’essentiel et de se concentrer sur l’essence des mouvements, afin de pouvoir transformer n’importe quel mouvement en une technique efficace. Pour remplacer les formes codifiées, le pratiquant avancé de Yiquan exécute des enchainements libres improvisés (Jianwu) qui sont semblables à une forme de danse dont l’harmonie est le maître mot. Le nom chinois Jianwu « danse de santé » n’est pas sans évoquer les danses rituelles chamaniques (Wuwu) pratiquées dans la haute antiquité chinoise.

Aujourd’hui, la pratique du Yiquan est souvent scindée en deux orientations majeures : Martiale d’une part et à but d’entretien du principe vital (Yangsheng), donc prophylactique, d’autre part. Mais l’enseignement originel de Wang xiangzhai, le fondateur du Yiquan, présentait son style comme un moyen de développer et d’améliorer les capacités naturelles de l’être humain. Une fois augmentées, ces capacités naturelles peuvent être exploitées dans n’importe quel domaine, que ce soit pour l’auto-défense, pour le renforcement de la santé ou même dans d’autres disciplines (peinture, danse, théatre, musique, calligraphie…) En allant plus loin, on peut aller jusqu’à développer, par l’aspect méditatif de la pratique, des
capacités dites « surnaturelles ». Celles-ci n’étant, en réalité, que des fonctions du corps et de l’esprit « bloquées » et ne demandant qu’à être réveillées. Les différentes formes d’utilisation de l’intention qui sont pratiquées dans le Yiquan permettent de travailler directement sur le souffle vital et d’en maîtriser rapidement les bases. Une fois que la circulation du souffle vital a été assimilée, sa manipulation devient aisée et sa mise en pratique devient naturelle. On peut dire que le travail interne du Yiquan est un des plus profond qui existe au sein des différentes disciplines chinoises dites « internes » car selon la tradition chinoise, il est clairement établi que c’est l’intention (Yi) qui guide le souffle interne (Qi) et que c’est ce dernier qui permet d’avoir un contrôle à la fois sur les essences corporelles (Jing) et spirituelles (Shen). Cette idée, primordiale, peut être rattaché aux principes de l’alchimie interne taoïste. Elle est rarement évoquée de manière précise dans les autres écoles internes alors qu’elle en constitue les fondements. Le Yiquan a, de ce fait, un intérêt en tant que technique de préparation mental et peut donc également être décliné de bien des façons pour l’amélioration des performances dans n’importe quelle discipline sportive.

Pour ce qui est de la pratique de l’art martial, la force naturelle développées par la pratique du Yiquan permet de s’adapter instinctivement aux différents changements de l’adversaire de manière spontanée. On peut donc dire que le Yiquan améliore les capacités martiales du pratiquant de n’importe quelle discipline puisque son travail se porte sur l’essence du mouvement en améliorant, d’une part la biomécanique du corps et, d’autre part, l’utilisation de l’esprit et du souffle au sein du mouvement. Sa pratique apporte donc de grands bénéfices pour toute personne pratiquant un art martial ou une forme corporelle, quels qu’ils soient.

 

En tant qu’art de santé et de longévité, le Yiquan utilise le principe de « cultiver le principe vital » (Yangsheng) en travaillant directement sur le souffle interne. Celui-ci dirige alors la biomécanique et améliore la posture, rendant aux différentes articulation et organes internes le mouvement naturel et fluide qui leur sont propres, lesquels sont souvent altérés par des tensions physiques ou mentales dues aux aléas de la vie. Le Yiquan constitue donc un véritable trésor pour l’humanité. Bien plus qu’une école de l’art martial chinois ou une technique de longévité, c’est un véritable art de vivre.